Nous avions beaucoup parlé de Saint-André-de-Sangonis au début de l’été, et du projet de démolition du presbytère et de l’îlot Pappas, entraînant la disparition d’environ 1/3 du centre historique de la commune.
De nombreux habitants opposés au projet s’étaient très largement mobilisés, d’autant que deux projets de réhabilitation avaient été présentés face à celui de démolition.
Une réhabilitation était donc tout à fait envisageable et aurait pu satisfaire tout le monde. Hélas, Monsieur le Maire a tranché en faveur de la démolition, tout cela dans le cadre du dispositif « Petites Villes de Demain », dont une des lignes directives est la réhabilitation de l’existant.
Réhabilitation confirmée par le maire lors de la signature de la convention de ce dispositif il y a deux ans. Mais visiblement ce que l’on dit un jour, ne rime pas avec toujours pour le 1er édile de la commune.
Des fouilles préventives prescrites par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) en 2023 se sont avérées fructueuses, et des fouilles approfondies sont aujourd’hui actées, sauf que l’arrêté officiel n’est pas encore arrivé sur le bureau du maire, qui estime qu’il a donc le droit de démolir.
L’arrivée des infrastructures du chantier de démolition à fait bondir les riverains, et les opposants au projet et depuis une semaine, ils ne cessent de multiplier les démarches afin de sauver le centre historique de leur village.
Les pelleteuses devaient entrer en scène le 26 août, mais il semblerait maintenant que la démolition débute le 6 septembre, après une ultime réunion avec tous les acteurs du projet à commencer par l’EPF (Établissement Public Foncier) et la DRAC.
Bien évidemment, ni les riverains, ni les membres du collectif ne sont conviés.
À croire qu’en France, le contribuable n’a jamais droit au chapitre quand il s’agit de son cadre de vie, et qu’il est juste bon à payer ses impôts.
Il est important de rappeler que JAMAIS le collectif n’a été opposé à la construction des logements sociaux et de la médiathèque. Simplement, il était tout à fait possible de réaliser ces projets ailleurs dans la commune, ou d’utiliser le patrimoine existant, lui permettant ainsi de s’inscrire dans l’avenir en lui offrant une nouvelle fonction.
Mais pour le maire de Saint-André, patrimoine et avenir sont deux mots incompatibles.
Maintenant, seul un miracle pourrait sauver le centre historique du village, et nous misons aujourd’hui tous nos espoirs sur la DRAC.
En attendant, voici la rétrospective de la lente agonie du centre historique de Saint-André-de-Sangonis que nous a adressé un membre du collectif "Presbytère Sangonis".
Historique d’une démolition annoncée par une commune qui a décidé de ne pas
respecter la loi :
Dans nos lointaines études, nous avons appris que le maire était officier de police
judiciaire, et qu’à ce titre il était là pour faire respecter et appliquer la loi.
Cela a dû changer, quand on voit ce qu'il se passe à Saint André de Sangonis, où le
maire a décidé de faire démolir un presbytère et les maisons attenantes, alors que la
DRAC lui a adressé un courrier pour suspendre toutes démolitions.
Mieux : parce que le maire a été prévenu par la DRAC, il s’est dépêché, avant de
recevoir l’arrêté officiel de l’État, d’éditer un arrêté de démolition, qui n’a été affiché
que 48h avant l’arrivée des pelleteuses, afin de rendre caduque toute action de
référé.
Rappel des faits :
2023
- le 10 aout, arrêté de la DRAC portant prescription d’un diagnostic d’archéologies
préventive.
2024
- en juin, le responsable de recherches archéologiques à l’INRAP en charge de
l’étude, remet son rapport à la DRAC qui décide d’engager des fouilles approfondies en
raison de l’intérêt du site ( centre médiéval, découverte de la continuation du rempart
dans le presbytère, ilot représentant 1/3 du patrimoine historique de St André…)
- le 26 juillet, le service régional de l’archéologie de la DRAC, préalablement à son
arrêté de fouilles, prévient la mairie de surseoir aux démolitions en ces termes:
« prescription d’une fouille archéologique préventive avant travaux, y compris avant
travaux de démolition, dans le but de compléter la documentation acquise lors du
diagnostic ».
- le 06 aout, l’avocate des riverains demande par courrier à la mairie de confirmer que la
suspension demandée par la DRAC est bien effective.
- le 8 aout, le maire signe l’arrêté de démolition, qui n’a été affiché que ce jour, 26 août et
qui prend effet sous 48H.
- le 9 aout, la mairie reçoit les entreprises de démolition au presbytère ; l’une d’elle se retire
de l’appel d’offre en ayant vu les lieux et lu le rapport d’expert qui précise les risques
d’effondrement des constructions attenantes au presbytère, adossé sur le rempart de 60 m,
véritable colonne vertébrale des maisons de la rue du presbytère.
- le 19 aout, la mairie répond à l’avocat, que la mairie attend les préconisations officielles de
la DRAC et qu’en attendant, elle ne modifie pas le calendrier prévu des démolitions.
- aujourd’hui 26 aout, nous découvrions l’affichage de l’arrêté de démolition et le
panneau de l’entreprise.
Il est bien précisé dans l’article 1 de l’arrêté que son affichage sera mis en place 48h
avant le début des travaux.
Ce qui signifie que dès le mercredi 28 août, les pelleteuses risquaient d’arriver, alors que la DRAC a demandé à la mairie de surseoir à toute démolition le temps des fouilles approfondies.
Comment dit-on déjà ? Que les élus sont là pour faire respecter la loi ?...
Collectif Presbytère Sangonis
Lire nos précédents articles sur le même sujet :
https://www.urgencespatrimoine.fr/post/saint-andré-de-sangonis-la-démolition-seule-solution-vraiment
Crédits photographiques: Presbytère Sangonis