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Pôle Muséal Beauvoisine: c'est beau mais c'est faux


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Hier soir se tenait à l’Hôtel des Sociétés savantes à Rouen, une réunion publique de présentation du futur Pôle Muséal Beauvoisine. Frédéric Épaud et moi-même étions bien évidemment présents. Aucune surprise, toute la présentation a été soigneusement orchestrée pour faire « rêver » l’auditoire.



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Aucune surprise? Si, une : celle d’un visuel sans doute réalisé spécialement pour cette réunion, puisqu’il n’apparaissait nulle part jusqu’alors dans les présentations des architectes.

Sur ce visuel figurait une vitrine de style gothique, ainsi que l’escalier en colimaçon, histoire de nous faire passer pour des menteurs et diffuseurs de fausses informations.

 

Or, lors des nombreux échanges qu’a eu Frédéric Épaud avec la direction des Musées avant notre mobilisation, l’avenir de cet escalier était plus qu’incertain. En tout cas, il n’y aura pas d’avenir pour l’escalier de l’entrée avec sa rampe en fer forgé, pas plus que pour l’escalier à balustres du XVIIIe. Ah ? On me dit dans l’oreillette que la rampe sera peut-être conservée.

De toute façon, comme le discours change tous les jours, il est très difficile de savoir ce qui va être réellement conservé, ou pas.



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C’est d’ailleurs le cas pour les parquets, puisqu’hier on nous a garanti qu’ils allaient être conservés, alors que tous les visuels proposés montrent clairement qu’à quelques rares exceptions près, ils ne le seront pas, encore moins dans la partie vouée entièrement à la démolition et pour cause...

 

De toute façon, tout ce qui nous a été montré hier n’est basé que sur l’esthétique, et la proposition faite, est bien celle d’un "centre culturel multifonctions intergénérationnel", mais ce n’est plus un muséum d’histoire naturelle, ni un musée des antiquités.

 

D’ailleurs, lors de cette réunion, le mot « muséographie » disparaissait au profit du mot « scénographie ». Les mots ont un sens et ils ont des conséquences. De manière somme toute explicite, c’est le concept et la fonction même du musée qui, ici, s’effacent. L’ambition épistémologique du musée, à savoir l’exposition, la préservation et la transmission du savoir, s’évanouit pour mettre en avant une « mise en espace » des artefacts dont le but avoué est le « ressenti » subjectif du visiteur. Les diapositives qui nous ont été montrées sont sans équivoque : le musée s’éclipse pour devenir un endroit épuré et "Ikéaisé", un « tiers-lieu » (concept fumeux s’il en est) idéologique, une salle des pas perdus… Quand la muséographie disparaît, c’est aussi à la muséologie que l’on renonce, à savoir le discours scientifique qui doit fonder tout endroit prétendant au titre de musée. Ce qui n’est pas manifestement pas le cas ici.



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Il est certain que la Métropole est championne du monde de la mise en scène, comme en atteste la première illustration de notre article, où l’on nous montre un ensemble de bâtiments parfaitement restaurés, alors que ceux des facultés se trouvant sur la gauche ont été exclus du projet de réhabilitation en 2021. Donc, nous persistons à dire que, soit ils seront démolis, soit ils seront vendus. Ou sinon, nous aurons d’un côté un centre culturel flambant neuf, et de l’autre, des bâtiments laissés à l’abandon, à l’image de beaucoup d’édifices de la ville de Rouen, qui auraient sans doute aimé bénéficier de la manne providentielle de 70 millions d’euros consacrés au projet Beauvoisine.



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Une dernière remarque et non des moindres : on nous a vendu la fusion du Muséum d’Histoire Naturelle avec le Musée des Antiquités, or, dans toutes les belles images que l’on nous montre, il est clair qu’il n’y a aucune fusion, à part celle du vide.



 

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